etymologieNeolitique à Greez
Cahiers de doléance de GréezExtraits de l'histoire de Greez par l'abbé Vavasseur

L'histoire d'un petit village : GREEZ SUR ROC (Résumé)


     Nous évoquerons ici, les grandes lignes de l'histoire de Gréez. Nous y reviendrons avec plus de détails dans les pages suivantes de ce site ; toute personne susceptible d'alimenter la chronique sera la bienvenue. L' histoire est souvent jalonnée de légendes dont il est impossible de vérifier l'authenticité, surtout lorsqu'elle est écrite après plusieurs siècles de transmission orale.


    Gréez est situé sur un promontoire à l'Est de la Sarthe aux confins de L'Eure et Loir et du Loir et Cher, enserré entre la vallée de la Braye et le ruisseau de Saint-Almire ; il est dominé par le plateau de la Croix-Champagne : plus boisé et plus aride. Malgré les difficultés de l'agriculture il reste un village agricole, bon nombre d'artisans et commerçants ayant disparus Les résidences secondaires ont pallié la désertification rurale.

 

     Son histoire connue remonte à l'époque du néolithique, mise à jour lors de récentes fouilles, organisé par l'université de Rennes. 

Des sources écrites nous sont parvenues depuis seulement 525. Epoque où Saint-Almire, arrivant d'un monastère d'Auvergne (Menat), s'installe dans la région où il se fixe comme but d'évangéliser cette partie du Maine. Sans perdre de temps Saint-Almire construisit un oratoire dédié à la Vierge et un monastère dans le Bas-Bourg ; plus tard l'église Saint-Pierre sur la colline.  Saint-Almire mourut quelque trente ans après son arrivée à Gréez vers 557--560, un  11 septembre.  Le monastère de Saint-Almire dura trois siècles mais les Normands  ravagèrent le Nord -Ouest de la France et l’œuvre de Saint-Almire ne fut point épargnée.

     Jusqu'à la Révolution, aucun fait extraordinaire n'est parvenu jusqu'à nous. La Chapelle Notre-Dame actuelle fut édifiée à la place de l'ancien oratoire vers le XVe  XVIe siècle. L'église Saint-Pierre fut agrandie au XI et XIIème par la construction de la nef et plus tard par une tour carrée.  Sous la révolution, les travaux d'entretien furent interrompus et le presbytère vendu comme bien national.  Sous la terreur,  le culte fut suspendu. Un habitant de Gréez nommé Boutroue, député à la convention, vota la mort de Louis XVI. En 1801 résonna à nouveau la cloche de Gréez suite à la proclamation du Consul ; dès lors l'église Saint-Almire fut réouverte.

    1804 fut marquée par la rivalité de Gréez avec Melleray concernant des reliques: l'affaire de Saint-Antoine. Pendant les guerres napoléoniennes, rien ne sembla alarmer Gréez, qui voué à son labeur de la terre, ne s'intéressait guère à la vie politique.

    Des changements importants se produisirent vers la moitié du XIXe siècle. 1830 création d'une école, accroissement  de la natalité, changement de mentalité, l'esprit des gens se tournait plus  vers les nouveautés du XIXe siècle: L’enseignement, la création de routes, etc... La vie économique se développait(saboteries), mais en 1849 une grave épidémie de choléra ravagea le pays. En 1870 les troupes Prussiennes passèrent et séjournèrent à Gréez : incidents notoires.

    Après 1870, une école fut ouverte à la Croix-Champagne (le 21 juillet). Des réformes furent faites pour les écoles. Le 16 juin 1895 :  ouverture  d'un lavoir public au Bas-Bourg. En 1909 : début de la construction d'une gare qui sera fermée en 1935.

 

    Guerre de 14-18: la population paiera un lourd tribut humain : le monument aux morts est là pour nous le rappeler. En 1936, la vie relativement calme à Gréez fut troublée par l'arrivée des réfugiés Espagnols. En 1939-44 nous avons revu les Allemands par deux fois en cantonnement (réquisitions) qui avaient été précédés du flot de réfugiés. Puis en 1944, les habitants se réjouissaient du passage des Alliés.

    Depuis 1945, Gréez s'est dépeuplé énormément, subissant l'exode rural. Mais Gréez ne veut pas mourir, ce petit coin du Perche réagit et veut continuer à participer à l'histoire de notre beau pays : La FRANCE.


Etymologie de Gréez sur roc :

Le nom de Gréez sur Roc ( grès sur roc ) paraît tout naturel quand on connaît la nature du sol ( grès ayant le sens de roche en vieux français )

L’étymologie latine du mot «  Gressus  » semble indiquer que le village prît  le nom de la retraite d’Almire au bord du ruisseau (Saint évangélisateur du VIème  Siècle).

Mais pourquoi ce pléonasme, Grès et Roc ?

Le nom de Gréez a une signification qu’il est utile d’analyser par rapport à l’étude de l’ancienne géographie de la Gaule. C’est un vieux mot qui est conservé de nos jours dans la langue allemande «  grenze » et qui signifie frontière. En effet, si l’on en juge par sa localisation territoriale, Greez est situé  près de Montmirail, aux confins du Maine et du Perche, et des diocèses du Mans et de Chartres.

panneau de gréez sur roc

Diverses mentions citées de la commune : 

Ecclésia de Gres fin XIIème siècle
Décima de Gresso XIIIème siècle
Parrochia de Gressu 1545
Gres près Montmyrail 1557
Greez Carte de jaillot
Notre Dame des Grees Nolin
Notre Dame de Grees 1741 revue du maine XIII p238
Grez 1790
Greez sur Braye dans Pesche (Tome 11 p518)
Gréez 1847

Avant 1850 seul, le terme de Gréez était employé  dans les délibérations de conseils municipaux. Nous pouvons penser que l’appellation « Gréez sur Roc » s’est généralisée à partir de cette époque ; pour éviter les confusions avec Grès en Bouère, le Grez, Cré sur Loir lors de la distribution du courrier postal.

 

Gréez sur Roc... Au commencement il y eut l’époque néolithique

    Voilà une dizaine d’années, nous n’avions des preuves concrètes de l’habitat de Gréez que seulement depuis 525, lorsque Saint-Almire est venu évangéliser la région, avec ses compagnons venus d’Auvergne, sans l’autorisation des autorités ecclésiastiques, ce qui fut à l’origine d’un beau scandale puisqu’à cause de cela une assemblée générale fut convoquée à Connerré. C’est donc ce qui nous permet de remonter à cette date si lointaine. Le Perche était certainement occupé par l’homme depuis bien plus longtemps mais aucune preuve tangible ne permettait de l’affirmer.
    Mais  depuis les années 1990 avec les recherches de Jean Jousse, à l’origine de la découverte du site néolithique des Grands Champs, dit de la Motte, nous étions en droit de penser que des populations migrantes ou sédentaires avaient séjourné dans notre région. L’Université de Rennes très intéressée par ce site archéologique, commença des fouilles en 2003, sous l’égide de M. Guyodo.



    Les premiers résultats sont encourageants. Car la mise à jour et l’analyse d’éclats de pierre, silex, quartz, céramique permettent de dater le site de l’époque néolithique, soit environ 4500 ans avant Jésus Christ. Les fragments d’os, céramiques, pourraient appartenir à l’époque médiévale. Dès la première année de fouilles, sont mis à jour  des trous de calage de poteaux qui creusés ou aménagés dans  des blocs de grès peuvent  faire penser à un habitat. Ces précieux témoignages sont arrivés jusqu’à nous grâce à la nature en grès très résistant du sol qui fait qu’ils n’ont pas été détériorés. Plusieurs emplacements de constructions ( au nombre de 5 en 2006, ) nous indiquent que nous sommes face à un véritable village néolithique, le premier qui soit si ancien et surtout le premier par le nombre d’habitations. Les constructions n’étaient pas orientées de la même façon et présentaient des aménagements différents …Cependant, de nombreuses questions restent en suspens (étaient-ce des maisons d’habitation ou des ateliers, quel était leur mode de vie ?…). Actuellement, en 2006, 75000 silex taillés et des fragments de céramique sont en cours d’analyse et de remontage, travail long et fastidieux …


Silex eclatés et pierres polies
Silex éclatés et pierres polies

    Les céramiques témoignent de l’influence venant des populations du centre de la France (Chambon) et du Bassin Parisien (Cerny). Preuve que le Perche était déjà à la croisée des axes commerciaux, migratoires et au centre des échanges culturels.

 
   
    Les fouilles qui vont se dérouler ces prochaines années nous réservent certainement des surprises .
    Un bémol : le périmètre conservatoire rend cette vaste zone inconstructible et porte un grave préjudice au développement de la Commune. L’ouverture d’un musée nous apportera, peut-être, une petite consolation touristique ?
    De cette époque néolithique à l’arrivée de Saint-Almer en 525, nous ne connaissons rien de précis sur Gréez, si ce ne sont que des généralités sur cette période d’instabilité et d’invasions. Ces quelques siècles se sont perdus dans la nuit des temps.
    Cependant nous savons de façon certaine que les Romains passèrent dans la région puisque l’itinéraire d’une voie romaine est citée dans les travaux de Pesche, cette voie semble être celle qui servit plus tard au tracé médiéval de la voie dite « Chemin aux Bœufs » qui passe par Vaufargis.
      Les Romains s’installaient de préférence dans des zones de forte concentration, ici à côté des Cénomans qu’ils ont côtoyés, bien plus qu’ils n’ont cherché à les combattre. Si les grands personnages Gaulois se sont vite sentis devenir Romains par l’habile politique des conquérants, le petit peuple des campagnes fut plus coriace parce qu’il avait beaucoup moins d’avantages à tirer de la situation. On ne mit peut-être pas le peuple gaulois en esclavage, mais on le laissa croupir pour qu’il en soit réduit à cette condition… La révolte des Bagaudes, paysans insurgés ou soldats déserteurs à la fin du 3ème siècle, coïnciderait avec une première invasion germanique.
      Les Romains n’avaient plus la possibilité de contenir les barbares. Notre région a dû subir le passage des Huns, des Francs, des Wisigoths. Gallo-Romains et Germains cohabitèrent. Tous n’ont sans doute pas séjourné dans notre région du Perche ; difficile d’en avoir des preuves. Une statue supposée être celle de Clovis qui gagna une victoire au Mans en 510 se trouve dans l’église de Gréez, serait-elle un clin d’œil à cette période ? A cette époque si peuples et rois prennent plaisir à s’égorger, la vie monacale devient intense. 


 

    Nous voilà  à l’époque où Saint-Almer est venu s’installer à Gréez en 525. Son histoire relatée par un religieux, l’abbé Vavasseur dont des extraits sont publiés dans les bulletins précédents,  vient se substituer à celle de Gréez. De cette date à nos jours, un raccourci de l’histoire locale permettra de nous informer sur les dates et faits historiques de Greez, qui n’ont d’importance que celle  que l’on  veut bien leur accorder.       


Photos de Martine Thimond






La Bataille de Saint-Antoine

    La  bataille mérite assurément d’être racontée dans ses moindres détails, car elle n’était pas vulgaire : elle avait pour cause l’enlèvement  d’un saint !

    Au fond d’un des sites les plus pittoresques et les plus sauvages de la forêt de Montmirail, sur le bord d’un petit ruisseau que tarissent assez vite  les chaleurs de l’été, on voit encore aujourd’hui des restes de murailles à moitié cachées sous les grandes herbes et un monticule de pierres entassées sous les broussailles. Ce sont les ruines d’un ancien oratoire élevé jadis en l’honneur de Saint Antoine sur les confins  de Gréez et de Melleray, mais sur le territoire de cette dernière paroisse. Vendu comme bien national à Monsieur Fournier, curé constitutionnel de Gréez et depuis desservant de Vancé, le pauvre oratoire de Saint Antoine, à la fin de la  Révolution, « n’offrait plus à l’œil du voyageur que le squelette d’une masure abandonnée » : néanmoins cet état de délabrement, loin de le diminuer ajoutait encore au respect que conservaient pour la patron un très grand nombre d’individus qui s’y rendaient en foule au jour de sa fête. 
Saint Antoine

    Instruit par un de ses anciens  paroissiens de l’état pitoyable de l’oratoire et du danger que faisaient courir les injures du temps au bienheureux Saint Antoine, le curé de Vancé, par reconnaissance pour la paroisse de Gréez dont il avait souvent éprouvé la bienfaisance, lui fit don de la statue du saint, et autorisa son successeur à lui donner une place dans son église. La donation fut rédigée en bonne et due forme, et il fut entendu qu’un dimanche, à l’issue des vêpres, les habitants de Gréez, le curé à leur tête, se rendraient à Saint-Antoine pour en rapporter avec tous les honneurs d’usage la précieuse statue.

    Aux précautions que prend dès le début de l’expédition le chef de la troupe, aux soins qu’il a de ne pas mettre le pied sur la terre étrangère, on sent que le terrain est brûlant et qu’à chaque instant peut jaillir une étincelle. Pendant qu’il s’arrête prudemment sur la ligne de démarcation, deux de ses hommes les plus valeureux, Louis Menant, tailleur d’habits et Coudray s’avancent rapidement vers la chapelle : au lieu de prier le saint, ils le saisissent, le chargent sur leurs épaules et le rapportent aux pieds de leur pasteur, « non sans beaucoup de danger. » A peine, en effet, s’étaient-ils emparés de la statue qu’ils avaient eu à essuyer une véritable grêle de pierres. Furieuses et plus exaspérées encore que leur maris, les femmes de Melleray s’étaient acharnées à la poursuite des ravisseurs et les avaient rejoints. « Forts de leurs droits et de la protection du saint, dit le rapport de l’officier municipal, les deux hommes avaient préféré abandonner aux doigts des furies une portion de leur chevelure plutôt que de lâcher prise. »

    A la vue de tant d’héroïsme, la foule pousse des vivats, on félicite les deux champions, et pendant que les citoyens de Melleray se retirent en murmurant, ceux de Gréez hissent sur un brancard la statue de saint Antoine,  la tête ceinte d’une couronne de laurier, et l’apportent en triomphe dans leur église.

    L’incident paraissait ainsi terminé, lorsque le lendemain, à la stupéfaction générale, on voit arrivé dans le bourg de Gréez les habitants de Melleray, armés de pied en cape. A la tête de la colonne marche, ceint de son écharpe, le citoyen maire, un excellent homme mais qui a le grave défaut de ne pouvoir s’exprimer. Flanqué d’un huissier de justice et de trois gendarmes de la brigade de Vibraye, suivi de toute sa troupe, il se présente devant son collègue de Gréez, et après de longues hésitations finit par balbutier le nom de saint Antoine. Le citoyen Thierry, par contre, en sa qualité d’huissier près le tribunal de Mamers, a la langue mieux pendue : il se montre prolixe, et même menaçant, et déclare que si on ne rends pas sur le champs la statue enlevée, la commune de Melleray va se lever en masse pour l’obtenir. Au même instant, on apprend qu’un véritable appel au peuple a mis en mouvement la population de Melleray, que le maire et le curé se sont entendus et que six cents individus se disposent à courir aux armes pour reprendre la statue. Cependant, le maire de Gréez, Monsieur Franchet n’entend pas céder. Il fait aussitôt réunir sa garde nationale, et lui donne l’ordre de défiler «  en présence de l’ennemi. » Comme il l’espérait, le mouvement produit une impression salutaire et calme les plus exaltés. Plutôt que d’engager le combat, le maire de Melleray, la maréchaussée et toute la bande jugent prudent de déguerpir, ne remportant en guise de victoire que la honte d’une piteuse échauffourée. La statue de Saint Antoine demeura dans l’église de Gréez, et l’affaire se termina moins héroïquement qu’elle n’avait commencé, par un long rapport au Préfet de la Sarthe.

    L’événement qui eut pu devenir tragique, fut appelé dans le pays « la bataille de saint Antoine »  C’est, aux premiers jours de l’époque contemporaine, un bien curieux souvenir des anciennes rivalités de paroisses et aussi un témoignage pittoresque de la force que les traditions religieuses avaient conservée, en dépit de la Révolution, dans les populations évangélisées par saint Almire. Aujourd’hui, encore, ces traditions ne sont pas perdues, et après l’avoir été trop longtemps retirée de l’église de Gréez, la fameuse statue de saint Antoine doit y reprendre place prochainement toujours vénérée et invoquée.







Me Julien Bigot (un curé de choc)

    Les dépenses engagées par Me Julien Bigot, si considérables qu’elles fussent pour l’époque, ne suffirent pas à remédier à tous les besoins, et de fréquentes contestations s’élevèrent avec M. Lefèvre d’Ivry, sieur de la Pinellière, qui prétendait « que c’était aux décimateurs et non à la fabrique de fournir l’argent. »  Il fallut, au mois de juillet 1728, qu’une ordonnance épiscopale trancha la question, en autorisant le curé à engager de nouvelles dépenses ; d’où, en 1733 un second mémoire d’environ cent écus. Me Julien Bigot grâce à sa ténacité « en vint à bout peu à peu, les années suivantes ».

    Mais l’énergie de Me Julien Bigot ne devait pas seulement se manifester dans l’exécution de ces multiples améliorations : elle nous apparaît aussi, en 1732, dans un petit fait gros de conséquence, qui mérite d’attirer l’attention.

    Cette année là, le curé de Gréez avait à procéder au baptême d’une nouvelle cloche, et « certains particuliers  » de sa paroisse, pour affirmer sans doute des droits douteux, y avaient fait mettre  leurs armoiries par le fondeur : Me Julien Bigot n’hésite pas. Il fait impitoyablement raser ces armoiries et présenter sa cloche par deux pauvres : « le 31 janvier 1732, nous Julien Bigot, prêtre, curé de Gréez, doyen rural de la Ferté-Bernard, avons fait la bénédiction de la petite cloche de notre église, sous l’invocation de Saint-Almir, patron de la paroisse ; laquelle cloche a été présentée par deux pauvres de notre petite paroisse, pour obvier à toutes contestations et après que les inscriptions et armoiries que certains particuliers, nullement autorisés, y avaient fait sculpter par des fondeurs contre les droits des véritables seigneurs, ont été biffées et rasées. A laquelle cérémonies ont été présents : Mes René Morin, curé de Courgenard, René Neveu, vicaire de Théligny, Louis Franchet, premier marguiller et habitant de Gréez, Jean Hoyau, laboureur et second marguiller  »

       Cinquante sept ans avant la révolution, une telle revendication des droits de l’élément ecclésiastique  et populaire contre des prétentions nobiliaires, n’est assurément pas banale. La leçon était dure : elle suffirait au besoin pour témoigner de l’indomptable énergie du curé de Gréez, de son esprit d’indépendance, de sa vigueur dans la défense du droit et de la justice.

        Me Julien Bigot mourut le 1er février 1741, à l’âge de 68 ans. Il fut  inhumé le 3 février dans le cœur de l’église de Gréez, par le curé de Courgenard.







Le passage des Prussiens à Gréez en 1870

Extrait du cahier de délibérations de Gréez-sur-Roc pages 134 et 135 de 1830 à 1874

Rapport de l’adjoint de la  commune de Gréez-sur-Roc sur  le séjour et le passage des troupes allemandes dans la dite commune

L’adjoint de la commune de Gréez-sur-Roc a l’honneur d’exposer à M. le Préfet  des faits qui se sont passés dans la dite commune, relativement au passage et au séjour des troupes allemandes :

Nuit du 25 au 26  novembre 1870 :
Arrivée à minuit de 9 à 600 bavarois avec autant de chevaux, ils font grand bruit, frappent aux portes et en enfoncent quelques unes, pillent et volent le reste de la nuit
Le lendemain matin départ à 9 heures se dirigeant sur Eure et Loir  .  Ils étaient venus de Montmirail.
Le 27 novembre1870 à 9 heures du matin  :  passage de 2 à 3 milles soldats prussiens, cavalerie, infanterie venant de Montmirail et se dirigeant sur Eure et Loir.
Rien de particulier sur ce passage.
Le 19 décembre à 4 heures du soir arrivée de 4 à 500 hussards bleus, presque tous ivres venant de Montmirail. Ils passent la nuit ici chez l’habitant, où ils se sont installés.
Le lendemain matin  20 décembre la moitié à peu près se dirige sur Montmirail, l’autre moitié reste jusqu’au lendemain matin, mercredi 20 décembre et pendant la journée ils volent paille, foin, avoine, un cheval que le propriétaire n’a jamais revu.
Le même jour à  7 heures du soir un habitant du bourg de Saint-Ulphace nommé Bouliffard vient à Gréez-sur-Roc et fait feu sur un fonctionnaire prussien auprès du cimetière, aux abords  du bourg. Grand émoi dans tout le bourg parmi les prussiens et les habitants. Le sieur Bouliffard est pris par ceux-là qui lui  en font endurer de toutes sortes le reste de la nuit.
Le matin 21 décembre mercredi ils le traînent  avec eux  se dirigeant sur la Ferté-Bernard, arrivés auprès du Theil ( Orne ) ils le fusillent. Le sieur Bouliffard  laisse une veuve et un enfant en bas âge.
Le 22 décembre à midi  arrivée du côté de Montmirail  de 200 dragons avec au moins autant de chevaux, ils font des réquisitions d’avoine, de paille, de foin et un porc ; ensuite rien de particulier. Ils passent la nuit  logés  chez l’habitant le lendemain 23 décembre à 8 heures du matin  départ.  Outre cela, passage de  7 à 8 mille
 hommes :  infanterie, artillerie, lanciers, dragons, venant d’Eure et Loir et se dirigeant sur Montmirail.
Rien de particulier sur ce passage.
Le  7 janvier 1871 à 4 heures du soir  arrivée de 4 à 500 dragons  venant d’Eure et Loir.  Ils campent dans un champ à l’entrée du bourg  et pendant toute la nuit : ils volent, pillent.   Le lendemain à 8 heures du matin ils partent se dirigeant sur Montmirail le même jour  8 janvier au matin 8 à 10000 hommes passent : infanterie, dragons, lanciers, artilleurs avec batteries etc....... Rien de particulier sur ce passage.
Le soir du même jour à 11 heures  arrivent les ambulances avec tout leur matériel, les hommes qui les conduisent passent la nuit logés chez l’habitant, saccagent, pillent, volent les maisons où il ne se trouve personne ; réquisitionnent deux chevaux que le fermier n’a jamais revu ; partent le lendemain matin 9 janvier se dirigeant  sur la Ferté-Bernard.

Pendant l’armistice.
Le 2 février 1871.
Les prussiens restant à Montmirail et Melleray  font une réquisition  de foin,  paille et avoine.
Le 3 février 1871 nouvelle réquisition de foin, paille, avoine.
Pendant la dernière semaine, ils passent chaque jour un grand nombre de soldats prussiens se dirigeant sur Eure et Loir.  Les jeudi 9, vendredi 10, samedi 11,  ils logent chez l’habitant et passent la nuit.  Les hussards rouges réquisitionnent  une vache ;  le 10  mars  prennent de l’avoine, la paille et du foin dans les fermes où ils sont installés.  Le 12 mars au matin, ils évacuent complètement la  commune.  On peut évaluer  de 15 à 20000 francs les dommages causés  par l’armée allemande dans la commune de Gréez-sur-Roc.

Dressé par nous adjoint de la commune de Gréez-sur-Roc le 18 avril 1871.
L’Adjoint ,  signé:  Jacques Pineau










GREEZ : La capitale de la saboterie


Avant 1914 : l’activité du sabot est très importante puisque 100000 paires de sabots étaient fabriquées à la main dans une dizaine d’ateliers comptant une cinquantaine d’ouvriers.

La Beauce était le principal débouché : c’est à pleine charrette que ces sabots s’en allaient dans la région de Courtalain.
Les ouvriers vivaient misérablement, travaillant de 5h du matin à 21h et parfois le dimanche matin. Demandant un sou de plus par paire, devant le refus des patrons ; en 1908 ils firent grève un lundi après-midi armés de pancartes, défilant dans le village. Ils obtinrent gain de cause dès le lendemain. Ces ouvriers se réclamaient de gauche : preuve en étaient les photos de Joseph Caillaux affichées dans les ateliers. Celui-ci avait coutume d’assister une fois par an au banquet du Comité Républicain.

L’entre Deux guerres : l’industrie du sabot reste prospère avec en plus une fabrique de galoches qui employait une quinzaine de personnes.
Pendant que les hommes travaillaient là avec de maigres revenus, les gantières tiraient l’aiguille à la maison pour l’usine de gants à Ceton.

Après la deuxième guerre : l’industrie du sabot va disparaître petit à petit, concurrencée par la botte de caoutchouc.