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L'histoire d'un petit village
: GREEZ SUR ROC (Résumé)
Nous évoquerons ici, les grandes lignes de
l'histoire de Gréez. Nous y reviendrons avec plus de détails dans les
pages
suivantes de ce site ; toute personne susceptible d'alimenter
la chronique
sera la bienvenue. L' histoire est souvent jalonnée de légendes dont il
est
impossible de vérifier l'authenticité, surtout lorsqu'elle est écrite
après
plusieurs siècles de transmission orale.
Gréez est situé sur un
promontoire à l'Est de la Sarthe aux confins de L'Eure et Loir et du
Loir et
Cher, enserré entre la vallée de la Braye et le ruisseau de
Saint-Almire ; il
est dominé par le plateau de la Croix-Champagne : plus boisé et plus
aride.
Malgré les difficultés de l'agriculture il reste un village agricole,
bon
nombre d'artisans et commerçants ayant disparus Les résidences
secondaires ont
pallié la désertification rurale.
Son histoire connue remonte à l'époque du néolithique, mise à jour lors
de récentes fouilles, organisé par l'université de Rennes.
Des
sources écrites nous sont parvenues depuis seulement 525. Epoque où
Saint-Almire, arrivant d'un
monastère d'Auvergne (Menat), s'installe dans la région où il se fixe
comme but
d'évangéliser cette partie du Maine. Sans perdre de temps Saint-Almire
construisit un oratoire dédié à la Vierge et un monastère dans le
Bas-Bourg ;
plus tard l'église Saint-Pierre sur la colline.
Saint-Almire mourut quelque trente ans après son
arrivée à Gréez
vers 557--560, un 11
septembre. Le
monastère de Saint-Almire dura trois
siècles mais les Normands ravagèrent
le
Nord -Ouest de la France et l’œuvre de Saint-Almire ne fut point
épargnée.
Jusqu'à
la Révolution, aucun fait extraordinaire n'est parvenu
jusqu'à nous. La Chapelle Notre-Dame actuelle fut édifiée à la place de
l'ancien oratoire vers le XVe XVIe
siècle. L'église Saint-Pierre fut agrandie au XI et XIIème par la
construction
de la nef et plus tard par une tour carrée.
Sous la révolution, les travaux d'entretien furent
interrompus et le
presbytère vendu comme bien national.
Sous la terreur,
le culte fut
suspendu. Un habitant de Gréez nommé Boutroue, député à la convention,
vota la
mort de Louis XVI. En 1801 résonna à nouveau la cloche de Gréez suite à
la
proclamation du Consul ; dès lors l'église Saint-Almire fut réouverte.
1804 fut marquée par la rivalité
de Gréez avec Melleray concernant des reliques: l'affaire de
Saint-Antoine.
Pendant les guerres napoléoniennes, rien ne sembla alarmer Gréez, qui
voué à
son labeur de la terre, ne s'intéressait guère à la vie politique.
Des
changements importants se produisirent vers la moitié du XIXe
siècle. 1830 création d'une école, accroissement
de la natalité, changement de mentalité, l'esprit
des gens se
tournait plus vers
les nouveautés du
XIXe siècle: L’enseignement, la création de routes, etc... La vie
économique se
développait(saboteries), mais en 1849 une grave épidémie de choléra
ravagea le
pays. En 1870 les troupes Prussiennes passèrent et séjournèrent à Gréez
:
incidents notoires.
Après 1870, une école fut ouverte
à la Croix-Champagne (le 21 juillet). Des réformes furent faites pour
les
écoles. Le 16 juin 1895 :
ouverture d'un
lavoir public au
Bas-Bourg. En 1909 : début de la construction d'une gare qui sera
fermée en
1935.
Guerre de 14-18: la population
paiera un lourd tribut humain : le monument aux morts est là pour nous
le
rappeler. En 1936, la vie relativement calme à Gréez fut troublée par
l'arrivée
des réfugiés Espagnols. En 1939-44 nous avons revu les Allemands par
deux fois
en cantonnement (réquisitions) qui avaient été précédés du flot de
réfugiés.
Puis en 1944, les habitants se réjouissaient du passage des Alliés.
Depuis 1945, Gréez s'est dépeuplé énormément, subissant l'exode rural.
Mais Gréez ne veut pas mourir, ce petit coin du Perche réagit et veut
continuer
à participer à l'histoire de notre beau pays : La FRANCE.

Etymologie de Gréez sur
roc :
Le
nom de Gréez sur Roc ( grès
sur roc ) paraît tout naturel quand on connaît la nature du sol ( grès
ayant le
sens de roche en vieux français )
L’étymologie
latine du mot
« Gressus » semble indiquer que le village
prît le nom de la
retraite d’Almire au bord du
ruisseau (Saint évangélisateur du VIème Siècle).
Mais
pourquoi ce pléonasme, Grès
et Roc ?
Le
nom de Gréez a une
signification qu’il est utile d’analyser par rapport à l’étude de
l’ancienne
géographie de la Gaule. C’est
un vieux mot qui est conservé de nos jours dans la langue
allemande « grenze » et qui signifie
frontière. En effet, si
l’on en juge par sa localisation territoriale, Greez est situé près de Montmirail, aux
confins du Maine et du
Perche, et des diocèses du Mans et de Chartres.

Diverses
mentions citées de la commune :
Ecclésia
de Gres |
fin XIIème
siècle |
Décima
de Gresso |
XIIIème
siècle |
Parrochia
de Gressu |
1545 |
Gres
près Montmyrail |
1557 |
Greez |
Carte de
jaillot |
Notre
Dame des Grees |
Nolin |
Notre
Dame de Grees |
1741 revue du
maine XIII p238 |
Grez |
1790 |
Greez
sur Braye |
dans Pesche
(Tome 11 p518) |
Gréez |
1847 |
Avant
1850 seul, le terme de
Gréez était employé dans
les
délibérations de conseils municipaux. Nous pouvons penser que
l’appellation
« Gréez sur Roc » s’est généralisée à partir de cette
époque ;
pour éviter les confusions avec Grès en Bouère, le Grez, Cré sur Loir
lors de
la distribution du courrier postal.

Gréez sur Roc... Au commencement
il y eut l’époque
néolithique
Voilà une dizaine d’années, nous
n’avions des preuves concrètes de l’habitat de Gréez que seulement
depuis 525,
lorsque Saint-Almire est venu évangéliser la région, avec ses
compagnons venus
d’Auvergne, sans l’autorisation des autorités ecclésiastiques, ce qui
fut à
l’origine d’un beau scandale puisqu’à cause de cela une assemblée
générale fut
convoquée à Connerré. C’est donc ce qui nous permet de remonter à cette
date si
lointaine. Le Perche était certainement occupé par l’homme depuis bien
plus
longtemps mais aucune preuve tangible ne permettait de l’affirmer.
Mais
depuis les années 1990 avec les recherches de
Jean Jousse, à l’origine de la découverte du site néolithique des
Grands
Champs, dit de la Motte, nous étions en droit de penser que des
populations
migrantes ou sédentaires avaient séjourné dans notre région.
L’Université de
Rennes très intéressée par ce
site
archéologique, commença des fouilles en 2003, sous l’égide de M. Guyodo.

Les
premiers résultats sont encourageants. Car la mise à jour et l’analyse
d’éclats
de pierre, silex, quartz, céramique permettent de dater le site de
l’époque
néolithique, soit environ 4500 ans avant Jésus Christ. Les fragments
d’os,
céramiques, pourraient appartenir à l’époque médiévale. Dès la première
année
de fouilles, sont mis à jour des
trous
de calage de poteaux qui creusés ou aménagés dans
des blocs de grès peuvent
faire penser à un habitat. Ces précieux
témoignages sont arrivés jusqu’à nous grâce à la nature en grès très
résistant
du sol qui fait qu’ils n’ont pas été détériorés. Plusieurs emplacements
de
constructions ( au nombre de 5 en 2006, ) nous indiquent que nous
sommes face à
un véritable village néolithique, le premier qui soit si ancien et
surtout le
premier par le nombre d’habitations. Les constructions n’étaient pas
orientées
de la même façon et présentaient des aménagements
différents …Cependant,
de nombreuses questions restent en suspens (étaient-ce des maisons
d’habitation
ou des ateliers, quel était leur mode de vie ?…).
Actuellement, en 2006,
75000 silex taillés et des fragments de céramique sont en cours
d’analyse et de
remontage, travail long et fastidieux …
Silex éclatés et
pierres polies
Les céramiques témoignent de
l’influence venant des populations du centre de la France (Chambon) et
du
Bassin Parisien (Cerny). Preuve que le Perche était déjà à la croisée
des axes
commerciaux, migratoires et au centre des échanges culturels.
Les fouilles qui vont se dérouler
ces prochaines années nous réservent certainement des surprises .
Un bémol : le périmètre
conservatoire rend cette vaste zone inconstructible et porte
un grave
préjudice au développement de la Commune. L’ouverture
d’un musée nous apportera, peut-être,
une petite consolation touristique ?
De cette
époque néolithique à
l’arrivée de Saint-Almer en 525, nous ne connaissons rien de précis sur
Gréez,
si ce ne sont que des généralités sur cette période d’instabilité et
d’invasions. Ces quelques siècles se sont perdus dans la nuit des
temps.
Cependant nous savons de façon
certaine que les Romains passèrent dans la région puisque l’itinéraire
d’une
voie romaine est citée dans les travaux de Pesche, cette voie semble
être celle
qui servit plus tard au tracé médiéval de la voie dite
« Chemin aux
Bœufs » qui passe par Vaufargis.
Les
Romains s’installaient de préférence dans des zones de forte
concentration, ici
à côté des Cénomans qu’ils ont côtoyés, bien plus qu’ils n’ont cherché
à les
combattre. Si les grands personnages Gaulois se sont vite sentis
devenir
Romains par l’habile politique des conquérants, le petit peuple des
campagnes fut
plus coriace parce qu’il avait beaucoup moins d’avantages à tirer de la situation.
On ne mit
peut-être pas le peuple gaulois en esclavage, mais on le laissa croupir
pour
qu’il en soit réduit à cette condition… La révolte des Bagaudes,
paysans
insurgés ou soldats déserteurs à la fin du 3ème
siècle, coïnciderait
avec une première invasion germanique.
Les Romains n’avaient plus la possibilité de
contenir les barbares. Notre région a dû subir le passage des Huns, des
Francs,
des Wisigoths. Gallo-Romains et Germains cohabitèrent. Tous n’ont sans
doute
pas séjourné dans notre région du Perche ; difficile d’en
avoir des
preuves. Une statue supposée être celle de Clovis qui gagna une
victoire au
Mans en 510 se trouve dans l’église de Gréez, serait-elle un clin d’œil
à cette
période ? A cette époque si peuples et rois prennent plaisir à
s’égorger, la
vie monacale devient intense.
Nous
voilà à l’époque où
Saint-Almer est venu
s’installer à Gréez en 525. Son histoire relatée par un religieux,
l’abbé
Vavasseur dont des extraits sont publiés dans les bulletins précédents, vient se substituer à
celle de Gréez. De cette
date à nos jours, un raccourci de l’histoire locale permettra de nous
informer
sur les dates et faits historiques de Greez, qui n’ont d’importance que
celle que l’on veut bien leur accorder.
Photos
de Martine Thimond

La Bataille de Saint-Antoine
La bataille mérite assurément d’être racontée dans ses
moindres
détails, car elle n’était pas vulgaire : elle avait pour cause
l’enlèvement d’un saint !
Au fond
d’un des sites les plus pittoresques et les plus sauvages de la forêt
de Montmirail, sur le bord d’un petit ruisseau que tarissent assez
vite les chaleurs de l’été, on voit encore aujourd’hui des
restes
de murailles à moitié cachées sous les grandes herbes et un monticule
de pierres entassées sous les broussailles. Ce sont les ruines d’un
ancien oratoire élevé jadis en l’honneur de Saint Antoine sur les
confins de Gréez et de Melleray, mais sur le territoire de
cette
dernière paroisse. Vendu comme bien national à Monsieur Fournier, curé
constitutionnel de Gréez et depuis desservant de Vancé, le pauvre
oratoire de Saint Antoine, à la fin de la Révolution,
« n’offrait plus à l’œil du voyageur que le squelette d’une
masure
abandonnée » : néanmoins cet état de délabrement,
loin de le
diminuer ajoutait encore au respect que conservaient pour la patron un
très grand nombre d’individus qui s’y rendaient en foule au jour de sa
fête.
Instruit par un de ses anciens
paroissiens de l’état pitoyable de l’oratoire et du danger que
faisaient courir les injures du temps au bienheureux Saint Antoine, le
curé de Vancé, par reconnaissance pour la paroisse de Gréez dont il
avait souvent éprouvé la bienfaisance, lui fit don de la statue du
saint, et autorisa son successeur à lui donner une place dans son
église. La donation fut rédigée en bonne et due forme, et il fut
entendu qu’un dimanche, à l’issue des vêpres, les habitants de Gréez,
le curé à leur tête, se rendraient à Saint-Antoine pour en rapporter
avec tous les honneurs d’usage la précieuse statue.
Aux
précautions que prend dès le début de l’expédition le chef de la
troupe, aux soins qu’il a de ne pas mettre le pied sur la terre
étrangère, on sent que le terrain est brûlant et qu’à chaque instant
peut jaillir une étincelle. Pendant qu’il s’arrête prudemment sur la
ligne de démarcation, deux de ses hommes les plus valeureux, Louis
Menant, tailleur d’habits et Coudray s’avancent rapidement vers la
chapelle : au lieu de prier le saint, ils le saisissent, le
chargent sur leurs épaules et le rapportent aux pieds de leur pasteur,
« non sans beaucoup de danger. » A peine, en effet,
s’étaient-ils emparés de la statue qu’ils avaient eu à essuyer une
véritable grêle de pierres. Furieuses et plus exaspérées encore que
leur maris, les femmes de Melleray s’étaient acharnées à la poursuite
des ravisseurs et les avaient rejoints. « Forts de leurs
droits et
de la protection du saint, dit le rapport de l’officier municipal, les
deux hommes avaient préféré abandonner aux doigts des furies une
portion de leur chevelure plutôt que de lâcher prise. »
A
la vue de tant d’héroïsme, la foule pousse des vivats, on félicite les
deux champions, et pendant que les citoyens de Melleray se retirent en
murmurant, ceux de Gréez hissent sur un brancard la statue de saint
Antoine, la tête ceinte d’une couronne de laurier, et
l’apportent
en triomphe dans leur église.
L’incident
paraissait ainsi terminé, lorsque le lendemain, à la stupéfaction
générale, on voit arrivé dans le bourg de Gréez les habitants de
Melleray, armés de pied en cape. A la tête de la colonne marche, ceint
de son écharpe, le citoyen maire, un excellent homme mais qui a le
grave défaut de ne pouvoir s’exprimer. Flanqué d’un huissier de justice
et de trois gendarmes de la brigade de Vibraye, suivi de toute sa
troupe, il se présente devant son collègue de Gréez, et après de
longues hésitations finit par balbutier le nom de saint Antoine. Le
citoyen Thierry, par contre, en sa qualité d’huissier près le tribunal
de Mamers, a la langue mieux pendue : il se montre prolixe, et
même menaçant, et déclare que si on ne rends pas sur le champs la
statue enlevée, la commune de Melleray va se lever en masse pour
l’obtenir. Au même instant, on apprend qu’un véritable appel au peuple
a mis en mouvement la population de Melleray, que le maire et le curé
se sont entendus et que six cents individus se disposent à courir aux
armes pour reprendre la statue. Cependant, le maire de Gréez, Monsieur
Franchet n’entend pas céder. Il fait aussitôt réunir sa garde
nationale, et lui donne l’ordre de défiler « en présence de
l’ennemi. » Comme il l’espérait, le mouvement produit une
impression salutaire et calme les plus exaltés. Plutôt que d’engager le
combat, le maire de Melleray, la maréchaussée et toute la bande jugent
prudent de déguerpir, ne remportant en guise de victoire que la honte
d’une piteuse échauffourée. La statue de Saint Antoine demeura dans
l’église de Gréez, et l’affaire se termina moins héroïquement qu’elle
n’avait commencé, par un long rapport au Préfet de la Sarthe.
L’événement
qui eut pu devenir tragique, fut appelé dans le pays « la
bataille
de saint Antoine » C’est, aux premiers jours de
l’époque
contemporaine, un bien curieux souvenir des anciennes rivalités de
paroisses et aussi un témoignage pittoresque de la force que les
traditions religieuses avaient conservée, en dépit de la Révolution,
dans les populations évangélisées par saint Almire. Aujourd’hui,
encore, ces traditions ne sont pas perdues, et après l’avoir été trop
longtemps retirée de l’église de Gréez, la fameuse statue de saint
Antoine doit y reprendre place prochainement toujours vénérée et
invoquée.

Me
Julien Bigot (un curé de choc)
Les
dépenses engagées par Me Julien Bigot, si considérables qu’elles
fussent pour l’époque, ne suffirent pas à remédier à tous les besoins,
et de fréquentes contestations s’élevèrent avec M. Lefèvre d’Ivry,
sieur de la Pinellière, qui prétendait « que c’était aux
décimateurs et non à la fabrique de fournir
l’argent. » Il
fallut, au mois de juillet 1728, qu’une ordonnance épiscopale trancha
la question, en autorisant le curé à engager de nouvelles
dépenses ; d’où, en 1733 un second mémoire d’environ cent
écus. Me
Julien Bigot grâce à sa ténacité « en vint à bout peu à peu,
les
années suivantes ».
Mais l’énergie de Me
Julien Bigot ne devait pas seulement se manifester dans l’exécution de
ces multiples améliorations : elle nous apparaît aussi, en
1732,
dans un petit fait gros de conséquence, qui mérite d’attirer
l’attention.
Cette année là, le curé de
Gréez avait à procéder au baptême d’une nouvelle cloche, et
« certains particuliers » de sa paroisse, pour
affirmer sans
doute des droits douteux, y avaient fait mettre leurs
armoiries
par le fondeur : Me Julien Bigot n’hésite pas. Il fait
impitoyablement raser ces armoiries et présenter sa cloche par deux
pauvres : « le 31 janvier 1732, nous Julien Bigot,
prêtre,
curé de Gréez, doyen rural de la Ferté-Bernard, avons fait la
bénédiction de la petite cloche de notre église, sous l’invocation de
Saint-Almir, patron de la paroisse ; laquelle cloche a été
présentée par deux pauvres de notre petite paroisse, pour obvier à
toutes contestations et après que les inscriptions et armoiries que
certains particuliers, nullement autorisés, y avaient fait sculpter par
des fondeurs contre les droits des véritables seigneurs, ont été
biffées et rasées. A laquelle cérémonies ont été présents :
Mes
René Morin, curé de Courgenard, René Neveu, vicaire de Théligny, Louis
Franchet, premier marguiller et habitant de Gréez, Jean Hoyau,
laboureur et second marguiller »
Cinquante sept ans avant la révolution,
une telle
revendication des droits de l’élément ecclésiastique et
populaire
contre des prétentions nobiliaires, n’est assurément pas banale. La
leçon était dure : elle suffirait au besoin pour témoigner de
l’indomptable énergie du curé de Gréez, de son esprit d’indépendance,
de sa vigueur dans la défense du droit et de la justice.
Me
Julien Bigot mourut le 1er février 1741, à l’âge de 68 ans. Il
fut inhumé le 3 février dans le cœur de l’église de Gréez,
par le
curé de Courgenard.

Le
passage des Prussiens à Gréez en 1870
Extrait du
cahier de délibérations de Gréez-sur-Roc pages 134 et 135 de 1830 à 1874
Rapport
de l’adjoint de la commune de Gréez-sur-Roc sur le
séjour
et le passage des troupes allemandes dans la dite commune
L’adjoint
de la commune de Gréez-sur-Roc a l’honneur d’exposer à M. le
Préfet des faits qui se sont passés dans la dite commune,
relativement au passage et au séjour des troupes allemandes :
Nuit du 25 au
26 novembre 1870 :
Arrivée
à minuit de 9 à 600 bavarois avec autant de chevaux, ils font grand
bruit, frappent aux portes et en enfoncent quelques unes, pillent et
volent le reste de la nuit
Le lendemain matin départ à 9 heures se dirigeant sur Eure et
Loir . Ils étaient venus de Montmirail.
Le
27 novembre1870 à 9 heures du matin : passage de 2
à 3
milles soldats prussiens, cavalerie, infanterie venant de Montmirail et
se dirigeant sur Eure et Loir.
Rien de particulier sur ce passage.
Le
19 décembre à 4 heures du soir arrivée de 4 à 500 hussards bleus,
presque tous ivres venant de Montmirail. Ils passent la nuit ici chez
l’habitant, où ils se sont installés.
Le lendemain matin 20
décembre la moitié à peu près se dirige sur Montmirail, l’autre moitié
reste jusqu’au lendemain matin, mercredi 20 décembre et pendant la
journée ils volent paille, foin, avoine, un cheval que le propriétaire
n’a jamais revu.
Le même jour à 7 heures du soir un habitant
du bourg de Saint-Ulphace nommé Bouliffard vient à Gréez-sur-Roc et
fait feu sur un fonctionnaire prussien auprès du cimetière, aux
abords du bourg. Grand émoi dans tout le bourg parmi les
prussiens et les habitants. Le sieur Bouliffard est pris par ceux-là
qui lui en font endurer de toutes sortes le reste de la nuit.
Le
matin 21 décembre mercredi ils le traînent avec eux
se
dirigeant sur la Ferté-Bernard, arrivés auprès du Theil ( Orne ) ils le
fusillent. Le sieur Bouliffard laisse une veuve et un enfant
en
bas âge.
Le 22 décembre à midi arrivée du côté de
Montmirail de 200 dragons avec au moins autant de chevaux,
ils
font des réquisitions d’avoine, de paille, de foin et un porc ; ensuite
rien de particulier. Ils passent la nuit logés chez
l’habitant le lendemain 23 décembre à 8 heures du matin
départ. Outre cela, passage de 7 à 8 mille
hommes : infanterie, artillerie, lanciers, dragons,
venant d’Eure et Loir et se dirigeant sur Montmirail.
Rien de particulier sur ce passage.
Le
7 janvier 1871 à 4 heures du soir arrivée de 4 à 500
dragons venant d’Eure et Loir. Ils campent dans un
champ à
l’entrée du bourg et pendant toute la nuit : ils volent,
pillent. Le lendemain à 8 heures du matin ils
partent se
dirigeant sur Montmirail le même jour 8 janvier au matin 8 à
10000 hommes passent : infanterie, dragons, lanciers, artilleurs avec
batteries etc....... Rien de particulier sur ce passage.
Le soir du
même jour à 11 heures arrivent les ambulances avec tout leur
matériel, les hommes qui les conduisent passent la nuit logés chez
l’habitant, saccagent, pillent, volent les maisons où il ne se trouve
personne ; réquisitionnent deux chevaux que le fermier n’a jamais revu
; partent le lendemain matin 9 janvier se dirigeant sur la
Ferté-Bernard.
Pendant l’armistice.
Le 2 février 1871.
Les prussiens restant à Montmirail et Melleray font une
réquisition de foin, paille et avoine.
Le 3 février 1871 nouvelle réquisition de foin, paille, avoine.
Pendant
la dernière semaine, ils passent chaque jour un grand nombre de soldats
prussiens se dirigeant sur Eure et Loir. Les jeudi 9,
vendredi
10, samedi 11, ils logent chez l’habitant et passent la
nuit. Les hussards rouges réquisitionnent une vache
;
le 10 mars prennent de l’avoine, la paille et du
foin dans
les fermes où ils sont installés. Le 12 mars au matin, ils
évacuent complètement la commune. On peut
évaluer de
15 à 20000 francs les dommages causés par l’armée allemande
dans
la commune de Gréez-sur-Roc.
Dressé par nous adjoint de la commune de Gréez-sur-Roc le 18 avril 1871.
L’Adjoint , signé: Jacques Pineau

GREEZ
: La capitale de la saboterie
Avant
1914 : l’activité du sabot est très importante puisque 100000 paires de
sabots étaient fabriquées à la main dans une dizaine d’ateliers
comptant une cinquantaine d’ouvriers.
La Beauce était le principal débouché : c’est à pleine
charrette que ces sabots s’en allaient dans la région de Courtalain.
Les
ouvriers vivaient misérablement, travaillant de 5h du matin à 21h et
parfois le dimanche matin. Demandant un sou de plus par paire, devant
le refus des patrons ; en 1908 ils firent grève un lundi après-midi
armés de pancartes, défilant dans le village. Ils obtinrent gain de
cause dès le lendemain. Ces ouvriers se réclamaient de gauche : preuve
en étaient les photos de Joseph Caillaux affichées dans les ateliers.
Celui-ci avait coutume d’assister une fois par an au banquet du Comité
Républicain.
L’entre Deux guerres : l’industrie du sabot reste
prospère avec en plus une fabrique de galoches qui employait une
quinzaine de personnes.
Pendant que les hommes travaillaient là avec
de maigres revenus, les gantières tiraient l’aiguille à la maison pour
l’usine de gants à Ceton.
Après la deuxième guerre : l’industrie du sabot va disparaître petit à
petit, concurrencée par la botte de caoutchouc.

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